Les conséquences « sensitives » d’une amputation vont de sensations désagréables (picotements, fourmillements, eau qui coule sur la peau…) plus ou moins persistantes jusqu’à de la douleur ressentie (brûlures, piqures, décharges électriques…).
On parle de douleur(s) du membre fantôme.
Deux théories se confrontent et se complètent :« périphérique » et centrale. Si les atteintes musculaires, vasculaires et nerveuses paraissent évidentes, il n’en va pas de même pour le fonctionnement du cerveau et du cortex en particulier. La zone corticale(cartes somatotopiques) correspondante aux afférences sensitives du membre amputé interprète l’absence de stimuli sensoriels comme de la douleur alors que les efférences motrices persistent.
Le système de contrôle de la douleur est perturbé par l’absence d’informations cohérentes. Probablement que le système intégrateur central enregistre des discordances entre l’intention motrice, la proprioception et/ou la représentation visuelle et traduit ces discordances par un ressenti de type douloureux plus ou moins net.
Différentes stratégies de lutte contre la douleur existent et la prise en charge des douleurs du membre fantôme est plus complexe du fait de la variabilité des tableaux cliniques. Parmi les thérapies« classiques » ou connues, le froid, le chaud, la désensibilisation, les vibrations, les antalgiques et apparentés, les thérapies comportementales et cognitives dont la relaxation, l’hypnose et la sophrologie. Un accompagnement psychologique complémentaire permet d’éviter la focalisation de la personne sur ses douleurs.
D’autres solutions sont à l’étude et peuvent être efficaces comme la stimulation magnétique transcrânienne ou la stimulation médullaire dans certains cas particuliers.
Nous connaissons l’alternative à la fois cognitive et fonctionnelle avec la thérapie miroir.
Pour comprendre la technique de la thérapie miroir : les deux membres sont placés de part et d’autre d’un miroir et le segment amputé est caché de la vision. La personne observe l’image d’un membre entier dans le miroir et a l’illusion de voir son membre bouger. L’accompagnement des Thérapeutes (Ergothérapeutes, Kinésithérapeutes, etc…) permet de guider le patient dans la réalisation de certains mouvements afin de corréler ses perceptions sensitives et motrices.
La thérapie miroir est en effet basée sur la vision, l’illusion, l’observation, l’imagination, le schéma moteur, le mouvement et l’image corporelle via des processus centraux et corticaux. Et nous savons que l’apparition et la gestion de la douleur font appel au système nerveux central. Or, le cerveau évolue en permanence. Par exemple, on parle de plasticité cérébrale et/ou de « réorganisations » corticales lorsqu’on observe des récupérations fonctionnelles à la suite d’un accident vasculaire cérébral(AVC) alors qu’une zone du cortex a été nécrosée. Dans le cas de l’AVC, les deux hémisphères cérébraux permettent une redondance fonctionnelle qu’il s’agit de stimuler.
La thérapie miroir s’avère être un des traitements efficaces dans la prise en charge de l’hémiplégie, du SDRC (Syndrome Douloureux Régional Complexe ou algodystrophie) et des douleurs du membre fantôme.
Des études de cas (Ramachandran 1993, Mac Lachlan 2004 &al., Chan and al. 2004, Darnall and al. 2009) ont par là même montré que la thérapie miroir diminue significativement la douleur du membre fantôme pour des séances de 10 minutes par jour.
Dans toutes ces applications, il s’agit d’entrainer le cerveau à fonctionner différemment par l’intermédiaire de la vision.
Les nouvelles technologies ont ouvert de nouvelles perspectives de prise en charge avec la mise au point de la thérapie miroir en réalité virtuelle immersive en trois dimensions.
La réalité virtuelle immersive 3D permet de s’affranchir d’une installation parfois ardue avec un miroir réel ou de qualité moyenne. De plus le patient est entièrement immergé dans un environnement contrôlé où son attention et sa concentration son dédiées à sa séance de réadaptation ou de rééducation. Les patients et les utilisateurs de cette technologie parlent d’efficacité et d’objectifs thérapeutiques atteints plus rapidement.
Il s’agit simplement de faire porter aux patients un masque de réalité virtuelle et de l’exposer à un environnement immersif où il va visualiser ses membres.
Les logiciels en réalité virtuelle utilisés sont des logiciels à visée thérapeutique et entièrement réglables en temps réel pour s’adapter à chaque patient.
L’efficacité de l’illusion en réalité virtuelle immersive 3D provoque une action de diminution progressive de la douleur comme un « apprentissage inversé » au niveau sensitif. Le retour visuel d’un membre « entier » diminue la discordance entre les sensations, les mouvements et la vision. Ce feedback permet de réorganiser et de « normaliser » les représentations centrales somatiques.
Virtualis, entreprise française développant du matériel de rééducation et des logiciels thérapeutiques développe ces solutions de thérapie miroir pour les membres supérieurs et les membres inférieurs. Les résultats peuvent être spectaculaires et rapides.
Ce système est d’ailleurs utilisé par l’Hôpital Militaire Laveran à Marseille qui prend en charge des patients amputés et où témoigne Christophe, un patient amputé du bras gauche « C’est assez surprenant. C’est un genre de leurre pour le cerveau et l’esprit. On sent une légèreté au membre amputé. Au membre fantôme. » (source : Emission France 5, le magazine de la Santé du 23/09/2020).
La réalité virtuelle immersive thérapeutique en 3 dimension s'ouvre des perspectives nouvelles pour les patients et elle est déjà disponible dans de nombreux Services de Rééducation-Réadaptation, en Neurologie et en Cabinet Libéral.
Le cerveau est capable de prouesses thérapeutiques pourvu qu’il soit guidé en ce sens. La technologie Virtualis permet d’aider les patients à contrôler et à diminuer leurs douleurs du membre fantôme.